La majorité d’une population reste souvent attachée à ses traditions, à son église, à ses convictions, à sa famille, au genre de vie qu’elle a toujours connu… Or, nous rappelle Paul Simelon, progresser en histoire, ça a toujours signifié troubler la tranquillité, bousculer des habitudes, ébranler des certitudes et contraindre les peuples à avancer. Et tel fut bien le rôle que remplirent les César, Auguste, Napoléon Bonaparte, Napoléon III, Kémal Atatürk, Charles de Gaulle,... et qui demain en Russie ? tous ceux que l’auteur appelle les “Césars”. “... Je suis convaincu que les régimes dits “césariens” ont représenté un moment important de la genèse de nos démocraties. Un moment assez dur à passer, il est vrai. Un moment nullement indispensable et, dont on pourrait faire l’économie à l’avenir. Ces régimes ont peu ou prou favorisé l’émancipation de l’être humain. Et de ce point de vue, c’est sans doute Kémal Atatürk qui est allé le plus loin…

Sans doute ces régimes sont-ils autoritaires et souvent peu démocratiques (à l’exception notable toutefois de la cinquième République en France). Sans doute, sont-ils nés par la force, le parjure, la trahison, la duplicité et parfois l’assassinat. Sans doute, enfin, arrive-t-il trop souvent que les “Césars” fassent taire leur conscience morale pour s’imposer en recourant à quelque vague nécessité historique. Mais il faut cependant laisser à leur décharge qu’ils ont donné une impulsion à la société qui a favorisé l’avènement à moyen terme de la démocratie… d’ailleurs, il ne suffit pas qu’un régime soit démocratique pour nécessairement être à l’abri de très graves dérives. Après tout, ni l’Amérique, qui procéda au génocide des “Indiens”, ni la Belgique, qui imposa brutalement sa loi coloniale aux “nègres”, ni la France et l’Allemagne, qui, pour de simples raisons économiques et impérialistes, provoquèrent la Grande Guerre qui devait faire en quatre ans treize fois plus de morts que les conquêtes napoléoniennes, n’étaient des dictatures.

Le césarisme n’est jamais nécessaire, mais il devient plus difficile à éviter dans un climat de guerre civile. C’est donc la guerre civile qu’il faut d’abord empêcher à tout prix… Alors seulement, on sortira définitivement de la barbarie et de ses indispensables césarismes…”  “Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez vous exprimer” Voltaire É